Sélection du message

Der Schnee.

Du vent. De la neige. Putain. Rien d'humain. Tu écris quoi ? Depuis des mois, tu n'en sais rien. Tu as rencontré son visage. Son si...

vendredi 13 juillet 2012

Le coeur et le continent

J'aimais les miens.  Nous étions une horde d'infirmes qui marchait côte à côte, nous étions aveugles, et muets, sortes de paralytiques dénués de larmes, noués par la haine. C'est ainsi que nous habitions le même continent et que nous nous aimions de toute la puissance des liens absolus que fondent le mariage, la filiation, le sacrifice et la douleur.
Et puis un jour, ce jour arriva. Soudain, l'été dernier nous décidâmes de quitter le continent pour un petit voyage. Ce n'était rien. Juste le désir d'un petit voyage qui soulevait nos âmes un peu déprimés par un hiver éprouvant, juste un petit voyage dans les îles, parmi ceux vantés par les prospectus et les sites. Ce jour-là, nous franchîmes le pas et nous embarquâmes à bord d'un air-bus, entassés dans son ventre énorme, comprimés dans les odeurs les sueurs onze heures durant avec ce bourdonnement étrange et inhumain tandis que l'hôtesse glissait sur le tapis sans s'apercevoir de l'horreur de la situation.
Donc nous étions embarqués et je voulais de toutes mes forces honorer mes parents, mes frères, mon mari et mes enfants sur ces îles paradisiaques et chaleureuses. Je serai bronzée, souriante, toutes mes batteries rechargées, à point sur le gril. Le destin en a voulu autrement. Je ne voulais pas les perdre.

Mais il y eut la mer. Il y avait tant de houle à cet endroit que nous avions longé la côte à la queue leu leu pour trouver un endroit plus calme - et c'est là - dans le rugissement, le fracas d'un océan étrangement déchaîné, là, dans la précipitation et la panique de cette course des miens devant moi, c'est là que je les ai perdus. Définitivement perdus.

J'ai continué à marcher le long du sentier escarpé et j'ai senti mon âme se figer d'épouvante: mon Dieu! Ne reverrais-je donc jamais ma petite famille? Mon coeur s'est pétrifié, il est devenu un petit caillou solitaire,  Je les ai cherchés ou du moins j'ai attendu qu'ils me cherchent et je sais qu'ils ne m'ont pas cherchée avec beaucoup d'ardeur ou peut-être qu'ils ne m'ont pas cherchée du tout et surtout ils ne m'ont pas trouvée. Et je n'ai jamais su revenir vers le continent. Et ils ont repris l'avion, impossible de rester plus longtemps, le temps, l'argent, tout ça, les congés étaient finis, la vie quotidienne reprenait son cours, m'avoir perdue était assez regrettable mais cela ne devait pas chambouler l'organisation générale.
Je suis restée sur l'île. J'entends parfois la rumeur des distances traversées. Je reste immobile.

lundi 9 juillet 2012

Premier voyage

Le dard du soleil me pique, la boule de chaleur se love en moi et crépite, j'écarte lentement ma fleur qui s'ouvre au soleil, son paysage est une colline soyeuse aux pentes flamboyantes
A mes paupières perle la sueur et dans la lumière roide et blanche je distingue les yeux froids et sans empathie
du tueur.
Mon sexe le brûle, il meurt.