Sélection du message

Der Schnee.

Du vent. De la neige. Putain. Rien d'humain. Tu écris quoi ? Depuis des mois, tu n'en sais rien. Tu as rencontré son visage. Son si...

jeudi 19 mars 2015

L'extase d'être nue.

Le labyrinthe est une enfilade de pièces innombrables et identiques à quelques détails près.  Ces pièces menues sont des cellules vitrées où sont disposées les femmes, les jeunes filles, les petites filles et quelques éphèbes. 
Certaines sont assises sur des tabourets. Elles sont pensives et leur regard est vide. Elles attendent.
D'autres somnolent debout et d'autres encore dorment d'un sommeil profond sur les sofas.  Leurs chevilles sont tatouées du code barre. Elles sont scannées afin de pouvoir effectuer les règlements sans qu'elles aient le plaisir ou l'humiliation de palper l'argent. Les billets de banque ont disparu. 
Elles ne sont jamais entièrement nues, contraintes d'arborer un ornement quelconque qui symbolise leur identité d'objet sexuel. Une étiquette, un logo, des bas, des mules à talon aiguille uniquement. Des colliers de cuir cloutés, des menottes, des corsets. Hier pourtant l'une d'entre elles a tenté un mouvement de révolte, dans un cri elle a brutalement arraché tous les accessoires, elle les a jetés au sol comme un enfant furieux, elle les a piétinés et s'est blessée car elle était alors pieds nus, chose incroyable. Puis elle s'est jetée nue contre la vitre qui n'a pas cédé. Elle fut quelques instants dans l'extase d'être totalement nue puis l'alarme de la cellule s'est évidemment enclenchée, le petit gyrophare orange s'est mis à clignoter et la stridence nous a toutes transpercé le tympan.  Le personnel est immédiatement intervenu, elle a été ligotée et le médecin a pu administrer sa piqûre. Puis l'homme a replacé le piercing, il a commandé sur son I-phone un tatouage supplémentaire. Le tatouage tribal du labyrinthe. Pour la punir, il l'a baisée là,  nue sur le sol, il l'a retournée, il l'a enculée; il a tiré ses cheveux très fort vers l'arrière durant toute l'opération puis il l'a mordue jusqu'au sang. Il n'a pas éjaculé. Lorsqu'il est sorti, la lampe orange s'est éteinte. Il y eut alors un grand silence dans le labyrinthe. Puis ce fut l'extinction des feux.

samedi 14 mars 2015

Le Labyrinthe, le sexe et le visage.

Lorsqu'il entre, la chose est disposée sur une sorte de sofa. Plutôt une table de skaï blanche et légèrement inclinée de telle sorte qu'elle soit disponible à mi-hauteur, accessible à un homme debout, cuisses écartées, membre érigé, les pieds bien à plat sur le sol.
Elle a été préparée durant des heures, revêtue d'un corset noir à lacets ; elle est nue dans son porte-jarretelles et ne porte que des chaussures, des sortes de mules à longs talons et sans attaches sur la cheville. La légèreté de ses sandales semble annoncer une chute toujours imminente mais qui, miraculeusement n'a jamais lieu : les frêles souliers de satin battent la cadence du corps bouleversé mais ne tombent pas. Jamais.
Elle avait été lustrée, huilée, poudrée. Outrageusement maquillée. Colorée. Décolorée. Epilée. Ecervelée.

C'est un bel objet lisse, sans aspérités, sans irrégularités, brillant et fluide, fondu dans une seule coulée, apprêté et posé sur le sofa comme une fleur artificielle.

Il est debout. Il ne la regarde pas. L'objet n'a pas de visage.  De la paume de la main,il fait basculer le corps, expose le sexe replié entre les cuisses. Ses lignes pures et longues occupent tout l'écran,. Au centre du paysage, la pulpe d'une lèvre forme une courbe plus proéminente. Le tableau de lignes abstraites est d'une beauté à couper le souffle.
Il palpe d'un doigt, froisse la corolle pliée, écarte légèrement. Puis il flatte, malmène l'objet, le claque, le griffe. Il pose sa bouche, l'humecte de salive. Il enfonce, détruit et poursuit son saccage.
Je m'approche et je caresse les cheveux, le visage ignoré. Je le fais en guise de consolation. Puis la caméra vient se fixer sur la fleur froissée, dépliée maintenant. Le sexe. Ouvert. La profondeur. Béante.
Lentement j'efface les couleurs du visage. Je retire le masque.

Dans les autres pièces sont disposées d'autres femmes. J'ignore le nombre total des chambres, le silence est effrayant et presque parfait, il n'y a d'autre bruit que le vent, le vent des cris, des chairs qui claquent les unes contre les autres: flap, flap, flap. Au coeur du labyrinthe peuplé par ce vent noir je me couche sur le sol et je trace une série de signes, comme les lettres d'un rêve qu'on croit comprendre et qui se brouillent et s'évanouissent aussitôt. Car je sais que ce visage peut dans une seconde, une fraction de seconde, se dissiper comme un visage de songe.
  Nous ignorons la mort. Mais ces bruits, ces han ces flap ce vent noir ce réseau de pierre ce froid ces objets disposés  sont la mise en scène. La chorégraphie avant que tout s'arrête. On peut se blesser longtemps sans mourir. Sentir qu'on est vivants.  Avec tous ces bruitages, ces cris, ces gémissements. Avec les objets et le décor.
Je distingue enfin le visage. C'est un visage enfantin et souverain. Il me sourit. J'essaie d'embrasser son front, ses joues, ses cheveux, ses lèvres, j'essaie avec ferveur de l'embrasser partout, partout, mais je ne rencontre que la texture lisse et glacée du miroir.