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Der Schnee.

Du vent. De la neige. Putain. Rien d'humain. Tu écris quoi ? Depuis des mois, tu n'en sais rien. Tu as rencontré son visage. Son si...

mardi 22 décembre 2015

Der Schnee.

Du vent. De la neige. Putain. Rien d'humain. Tu écris quoi ? Depuis des mois, tu n'en sais rien. Tu as rencontré son visage. Son silence. Chaque flocon qui se pose et la douleur. Cuisante. Peur avec la neige, que quelque chose s'ouvre si elle me touche. Peur que cela se mette à saigner, à suinter de partout.
 Quand j'ai vu ce visage, j'ai su immédiatement que c'était exactement le visage dans lequel je devais impérativement éviter de plonger. Tout ce que je voulais, c'était ne rien ressentir, ne rien ressentir jamais. Depuis toujours, ne rien ressentir c'est tout ce qu'on souhaite en de pareilles circonstances. Alors, quand j'ai sniffé bien profond la neige, c'est ce que je voulais, une fois pour toutes, ne rien ressentir et faire semblant de jouir, comme toujours. J'essayais de déterminer si le type qui me baisait le faisait sans que j'en eus conscience ou si j'avais été présente tout du long. C'était ça l'énigme. Je compris que si je restais là encore longtemps, je n'aurais plus jamais conscience de rien. Je me baladerai muette ou en me rabâchant sans cesse mes deux phrases préférées. Raconte moi la neige. Der Schnee. La neige, elle disait des trucs que je ne pouvais pas entendre. Des mots que j'avais attendu toute ma vie et que je ne pouvais pas entendre. Alors je veux frapper ce visage de la neige. L'anéantir. Des mots qu'il n'aurait pas fallu prononcer. Des mots, des traces qui étaient des sentiments impossibles car c'était de là, de cette neige, que naissait la nécessité de ne plus rien sentir du tout - de les bloquer. 
Elle me plongea toute entière dans les choses mêmes dont j'avais besoin de me libérer. Avec elle, le sexe n'était pas du sexe. Avec elle, ça devenait quelque chose d'entièrement différent. Elle commença à dérégler mes mécanismes et mes esquives. Mon aveuglement. (Toujours ce besoin de faire diversion, comme avec les hommes. De contenter l'autre pour ne pas avoir à penser à soi.) Le calme de la neige s'empara de moi. Parler paraissait encore si loin. Plus personne ne me jetterait comme un objet cassé. 
Et elle m'attira, m'encercla, ne ma lâcha plus. Elle était blanche, irrémédiable. Je m'y cramponnai, j'étais prête à tout pour qu'on m'aide, et je ne voulais plus partir de là ; c'était comme si j'étais revenue à la maison.