Sélection du message

Der Schnee.

Du vent. De la neige. Putain. Rien d'humain. Tu écris quoi ? Depuis des mois, tu n'en sais rien. Tu as rencontré son visage. Son si...

dimanche 3 février 2013

Parfum d'été

 Tu marches le long des ornières. A droite la route, à gauche les touffes d'herbe, le fossé boueux et plus loin le fil de fer barbelé, les champs vides, rectangulaires.
Tu marches. Tu ne regardes pas la voiture. Tu ne regardes pas l'ombre assise au volant. Lorsque tu t'installes à la place du mort, le mouvement dévoile tes cuisses.Tu ne croises pas les jambes. Tu les laisses dans cet écart indifférent et somnambule. Tu ne regardes pas l'homme qui te reluque. Tu n'as pas besoin de regarder pour savoir ce qu'il regarde, lui. Tu ne dis rien. Tu ne souris pas.
 Aussitôt tu palpes la surface tendue du jean, tu tâtes la sphère, tu sculptes la barre emprisonnée dans le mur du tissu, ce cylindre durci couché contre son aine, avide de se dégainer hors de sa prison, de jaillir. Saut à l'élastique. Elle émerge du corsage de sa braguette, absurdement vibrante. Tu la gobes, tu pompes, tu t'appliques. Ta tête heurte le volant. Avec la coke, la musique traverse ton corps, les tubes débiles, ce type écoute radio nostalgie, des airs plaintifs et mélancoliques, des sardou des dalida des mike brandt, des trucs à la con comme ça. Tu sais qu'il est foutu, qu'il est seul, qu'il est dangereux.
Il se gare en épi sur le bas-côté, non loin de la route et sans ouvrir la portière tire tes jambes par la vitre. Ton corps est une balançoire, la rainure de la vitre te brûle les reins, ta tête est arc-boutée sur le siège. Il écarte et te baise son visage scrutant au delà du toit de sa bagnole les automobilistes qui passent sur la route. Son trip c'est ça, te baiser à ciel ouvert devant le flux des promeneurs du dimanche.  Des freins crissent, des voitures bifurquent et se rapprochent comme des insectes.
 A quatre pattes sur le chemin, leurs chaussures ont écrasé tes mains, à quatre pattes tu as levé la tête et regardé la ligne de l'horizon. Les roches rouges, les oliviers, l'odeur du thym et du romarin, ce parfum de poussière et d'herbes grillées, le parfum de l'été. Le ciel est pur, ton cerveau est lucide, tes trous défoncés.