Sélection du message

Der Schnee.

Du vent. De la neige. Putain. Rien d'humain. Tu écris quoi ? Depuis des mois, tu n'en sais rien. Tu as rencontré son visage. Son si...

samedi 6 octobre 2012

Commencer à vivre

L'échec des mots qui s'enfoncent dans la nuit et se heurtent au mur aveugle de mon bunker est une façon de commencer à vivre. Pour commencer à vivre il faut dégorger son corps de toute sa luxure et boire jusqu'à sentir l'alcool chasser le sang et rincer tous les tuyaux. Se regarder dans un miroir et voir ses traits disparaître.
Je vois Laura L. que plus personne n'appelle. Elle est seule sur son canapé, elle achète des fleurs et les regarde de longues heures, elle rêve immergée dans les brumes des drogues, tous ces petits cachets blancs et roses ou bleus, disposés dans des boîtiers aux compartiments des jours lundi matin midi soir mardi matin midi soir mercredi matin midi soir jeudi et vendredi et samedi et dimanche matin midi et soir dimanche aujourd'hui c'est une belle journée d'automne elle est sur son canapé ces boîtiers disposés autour de son corps, elle, Laura R., laisse le temps se perdre dans son cerveau elle ne se lève pas elle ne s'habille pas elle ne répond pas au téléphone elle fume et rêve qu'elle entre dans la mer qu'elle commence à nager nager nager, nager. Un homme venait la sodomiser. Cet homme ne vient plus. Elle a abandonné son petit chien. Elle entend au loin le cri d'un petit animal qu'on éventre. Et puis elle entend le silence. Il est vaste et lourd, d'un blanc aveuglant. Elle respire aussi légèrement qu'une mouette. Ce monde n'est qu'un monde griffonné dans les marges d'un rêve, la vision se dissipe et je me réveille dans un sanglot. Dans le miroir,une main dessine mes traits qui se diluent dans les larmes. J'ai commencé à vivre.