Sélection du message

Der Schnee.

Du vent. De la neige. Putain. Rien d'humain. Tu écris quoi ? Depuis des mois, tu n'en sais rien. Tu as rencontré son visage. Son si...

dimanche 30 novembre 2014

43, mon amour (extrait: l'achat des chaussures)

"Elle entre dans un magasin Eram, choisit une paire de chaussures. La vendeuse ne dit rien quand elle voit les blessures, les écorchures sur les poignets, le long des jambes tandis qu'elle essaie un modèle de bottes lourdes et sans élégance. Quand elle se penche pour nouer les lacets, ses cheveux pendent jusqu'à terre, des morceaux d'herbe et de chardon sont entortillés dans ses mèches. Il y a de la boue aussi qui goutte noire sur le sol de la boutique. Un peu somnambule, elle sourit à la vendeuse, elle sourit à tout le monde."

dimanche 9 novembre 2014

43,mon amour: performances littéraires et musicales

Il est temps pour moi de présenter un cycle de performances de 43.

La première aura lieu le 17 Décembre 2014 au bar tapas chez " Don Rodolfo" au 21 de la rue d'Italie à 19h à Marseille. C'est une lecture à trois voix, celles de Camille Dappoigny, Delphine Dieu et moi-même. Durée de la performance  43 minutes avec un verre de Sangria avant, et du vin après. On peut manger aussi des tapas vraiment délicieux.
La seconde est une lecture concert, porno-électro avec mon ami musicien Bernard Geyer qui, pour sa composition, a travaillé sur les sons de 43. Elle aura lieu à L'Auberge du Parc à Sparsbach (Alsace) le 30 Avril 2014, chez Nathalie et Roger. Vin et tartes flambées alsaciennes au programme naturellement.

En juillet, ce même spectacle à la salle des fêtes d'Ingwiller. Sans libations. (?)

mardi 21 octobre 2014

O'BUNKER: WHISKY

WHISKY

"Attablés à la terrasse d'un bar du port,elle commande un whisky. Elle a les jambes coupées, elle est exténuée et respire avec difficulté. De sa paume, elle serre le verre, passe un doigt sur son cou, secoue les glaçons. Cliquetis familier, sensations retrouvées. Il accuse le coup et prend un jus d'orange. Il reste silencieux. Elle ne sait pas encore qu'il ne parle pas le français. Ce silence l'étonne. Ce silence l'apaise. Enfin quelqu'un qui n'a aucun conseil à lui prodiguer. Il offre une autre cigarette. Elle fume et boit, elle sait qu'elle boit trop vite. Il la regarde boire. Quand elle repose le verre, il sourit. Un long silence encore se referme sur eux. Elle commande un autre whisky. Elle le boit d'un trait. Ses doigts tremblent juste un peu. Elle respire tandis qu'il la regarde toujours. Il n'a pas touché à son jus d'orange. Elle ne distingue aucune compassion, aucun mépris dans son regard. Elle se détend. Commande un troisième whisky.Elle ne tremble plus. Il se penche vers elle, aspire une longue bouffée de cigarette et souffle la fumée lentement sur son visage, elle succombe. Le verre est vide."

 Extrait de 43, mon amour,  (à peu de choses près...p 28-29)

dimanche 12 octobre 2014

Aux coeurs blessés, l'ombre et le silence.

Il vient une heure où je regarde la nuit.
Je regarde sans questionner l'obscurité qui distille une profondeur aveuglant mes yeux blessés puis les anesthésiant du sédatif noir.
Je ne vois plus le divertissement du sang.
Et je ne l'entends plus bouillonner.  Mes oreilles écoutent le silence seulement. -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

mardi 25 février 2014

Prostitution.


Elle avait acheté de nouvelles chaussures. Ses anciennes chaussures étaient restées éparpillées dans la traverse.
Elle portait ses nouvelles chaussures et marchait depuis des heures. Elle les avait achetées dans une boutique Eram du centre ville et elle ne savait toujours pas pourquoi elle avait choisi un modèle aussi lourd et inconfortable. Leur empeigne blessait sa cheville à chaque pas. Elle comprit alors la signification de cet achat. Dans ces grolles neuves et dures elle écorchait ses pieds avec délices, elle éprouvait la douleur de marcher encore.
Quand elle arriva chez l'homme, il lui demanda cérémonieusement d'enlever ses chaussures. Elle se souvint qu'il était fétichiste et qu'il passait de longues minutes courbé sur ses chevilles gainées du collant. Elle secoua la tête puis elle s'évanouit.
Lorsqu'elle reprit conscience, elle distingua sa nuque et sa tête chauve tandis qu'il s'affairait à panser les plaies de ses pieds. Il venait de les retirer précautionneusement d'une cuvette où l'eau bleutée était teintée du sang de ses pieds.
Puis il lui fit couler un bain. Elle se taisait. Elle ne répondait pas à la douceur de ses paroles compatissantes. Elle le méprisait de la traiter aussi bien, de se montrer si prévenant. Elle se détourna, se raidit dans ses bras.
Elle descendit dans le bain parfumé. Une senteur de pins et de fleurs. La saveur sèche de l'été. La traverse où gisaient encore l'ombre de ses mains piétinées, de ses trous violentés. Il la questionnait avec la même insupportable douceur. Elle  ne répondait pas. 
Il commença à la laver, pressant une grand éponge molle sur son corps blessé, il s'accroupit et de ses mains tachées, la nettoya avec minutie derrière les oreilles, entre les orteils. Il évitait soigneusement les seins, le sexe, elle lui en sut gré et se détendit un peu. Il entama un shampoing et massa onctueusement ses cheveux sales où étaient fichés des restes d'orties, du sperme et du sang. Elle restait silencieuse. Elle était au bord des larmes mais elle figea son visage de toutes ses forces pour ne rien montrer. Son visage impassible était une statue blanche, son corps nu et clair se détachait contre l'écran des feuillages derrière la vitre de la salle de bains. Dans la lumière nocturne, elle paraissait irréelle à présent, belle au bois dormant dans les vapeurs de son sang. Quand il voulut l'embrasser, elle le repoussa sauvagement.
Il rinça plusieurs fois ses cheveux à l'eau chaude puis il l'enturbanna d'une large serviette blanche et la frictionna délicatement. Ils avaient fouetté ses reins, molesté ses chairs, ils lui avaient craché au visage. Ils avaient entré leurs bites noires, ils l'avaient défoncée. Elle se taisait toujours. Exténuée, elle se laissa porter sur le lit. Il la massa doucement des épaules aux reins, des reins aux cuisses puis il s'occupa de la voûte plantaire.
Un premier sanglot fut expulsé de sa gorge, suivi d'un cri atroce et long.
Tel un spectre réveillé, elle tendait le bras et gesticulait pour l'écarter, pour le frapper tandis que d'autres sanglots, d'autres cris inhumains sortaient de sa gorge; Elle hurlait et tout son corps se mit à trembler violemment. Il tressautait sur sa couche, comme atteint d'une crise d'épilepsie. Il se jeta sur elle, s'étala fermement sur son corps convulsé et resta là, harponné par ses bras raides, endiguant dans son flanc le tumulte des convulsions qui déferlaient en lui.
Elle ne bougeait plus. Elle resta en catalepsie des jours durant et même après, dans sa vie, elle semblait comme anesthésiée. Elle se prostitua jusqu'à la fin.





dimanche 5 janvier 2014

2014

Elle sort de la chambre 13. Lorsqu'elle descend le petit escalier qui mène à l'ascenseur, elle sent encore à chaque marche son corps peser de tout son poids. Un pied devant et puis un autre, elle puise, où, dans le profond, le vide, le mécanique, un reste de réserves inexistantes. En l'embrassant, elle avait cherché quelque chose qui n'était plus.
Elle entend une sorte de chuintement, le cri d'un petit chat qui meurt quelque part.  La porte de l'ascenseur se fend de toute sa hauteur, deux panneaux coulissent vers l'invisible et elle reste seule devant la grotte. Au fond sur la paroi, scintille le chiffre 2014.
 "Donnez vous la peine d'entrer" dit elle à haute voix, et sa voix blanche, caverneuse de milliers de cigarettes fumées les yeux dans le vide, résonne de façon absurde.
Dans la cabine, le miroir ne renvoie pas son reflet. Une femme longue et fatiguée la regarde de ses yeux cernés. Elle remue légèrement la tête pour s'assurer que c'est bien elle. Comme tous les miroirs, la glace est une mare étincelante, ensorcelée. Son visage est blême, hérissé de lames de rasoirs qui avaient poussé dans sa bouche. Ses lèvres écorchées ont encore le goût du gin et portent les traces blanchâtres de la coke.
Elle s'éloigne, le soleil disparaît derrière la façade de l'hôtel. Le jardin est vide. Une nuée sombre l'environne. L'air est étouffant et l'orage approche lentement.  Dans la chambre, il est endormi. A -telle tranché sa tête, sa bite ou ses couilles?
Sur la table d'accouchement, toute en sueur, les cheveux collés, elle a les jambes écartées dans les étriers. Dans la lumière atroce du plafonnier quelqu'un s'affaire entre ses jambes et quelquechose une fois encore lui est enlevé. Quelquechose est perdu. Sa bouche coupe le cordon.
Elle entre au supermarché Lidl.  Elle erre dans les allées entre les denrées, les hommes gris et les femmes grises de 2014. Elle dépose l'enfant dans un rayon.En sortant, elle est la seule à entendre encore distinctement les vagissements du nouveau-né.