Sélection du message

Der Schnee.

Du vent. De la neige. Putain. Rien d'humain. Tu écris quoi ? Depuis des mois, tu n'en sais rien. Tu as rencontré son visage. Son si...

dimanche 2 décembre 2012

Le bunker des mots

Les mots tremblent à la cime,apostilles scarifiées. Je suis un cheval qui tourne les yeux bandés, ignorante de la besogne que je broie. Les mots me terrorisent, les feuilles s'agitent, un chuchotement et c'est l'effroi, une menace, une bourrasque et les mots chutent au rythme de mon corps qui suffoque, se contracte, danse, et j'apprivoise le flux, les feuilles bruissent et claquent, chutent en trilles cascades éjaculations féroces, il y a toujours trop de mots, imparfaits, vides, qui cavalent , après quoi, cavalent tel ce cheval fourbu,aveugle, les crins tendus, hirsutes de sueur, tous ces mots assassins, ces mots cinglés qui se disloquent dans mes cahiers et à la fin les mots vous manquent toujours, je n'arrive pas à les attraper, je trébuche et je me casse la figure. Corrosion, déchéance, explosion de graffitis, griffonnés dans les marges, obscures enluminures de foutre et de fiel, comment croire à l'immortalité de ces signes noirs emmurés dans mon bunker si nul ne vient les délivrer, frapper à coups de masse les murs et laisser ces pigeons voyageurs s'envoler et traverser les océans. L'amour a porté les premiers coups, cet amour si pauvre de mots, les mots le tuent, les mots tuent l'amour comme ils tuent tout le reste. Les mots sont des tueurs, les trophées jonchent le sol, les mots ont tranché, taillé dans les entrailles et fait rouler les têtes sur le sol en béton où ils gisent, immobiles,les yeux ouverts, regardant fixement le crocodile.Chaque mot exécute l'être qu'il capture, coucher sur le papier est même la plus sûre façon de tuer.