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Der Schnee.

Du vent. De la neige. Putain. Rien d'humain. Tu écris quoi ? Depuis des mois, tu n'en sais rien. Tu as rencontré son visage. Son si...

vendredi 17 août 2012

La valse et le cri

Parmi les réminiscences du corps, il y a la danse. C'est un bal perdu, les danseurs sont seuls, isolés au creux de la vague juste avant qu'elle ne les balaie, ils sont à l'écoute seulement d'une artère qui s'est ouverte entre eux et qui coule.Le sang les brûle, la main est dans la sienne, son autre sur ses reins, les cuisses se frôlent, les vêtements se froissent, elle épouse la ligne de son corps, il s'arc-boute, elle s'emboîte, soudain il la soulève, il y  a ce vertige, un étourdissement, la volupté du ravissement. C'est une valse. Cette danse comme la nuit ne devait jamais finir, à l'aube ils auraient dansé encore. J'ai dansé partout, avec des hommes, avec des femmes, j'ai dansé seule aussi, dansé nue sous les étoiles, la danse est la joie, la vie. J'ai dansé avec les loups dans les ténèbres. Ma beauté s'est épanouie sans être corrompue par les premiers flashs et les sunlights des studios, je suis une fleur de l'ombre. Combien désirée pourtant est cette lumière, celle qui rachètera le labeur, le tâtonnement obscur, le désespoir des premières fugues avortées, reprises, échouées dans le port. Il faut saigner les mots de sa chorégraphie, les mots et les couleurs, exténuer son art et vouer toute son énergie à répéter ses pas, répéter encore au mépris des crampes et des blessures. Endurer toutes les fatigues, les humiliations, les désillusions. L'oeil de l'élu qui doit vous prêter une salle est torve, le silence des journalistes est sourd, les collègues et les proches se détournent et tant d'efforts pour danser se soldent par l'échec, l'amertume et le suicide.Heureusement, le corps porte déjà son allégresse, vous vous heurtez aux murs du bunker sans plus sentir les plaies et les chocs, les loups vous escortent  et votre danse est souveraine, votre cri sera. Vos pas charrient les blocs mutiques pour les casser, les fissurer, expulser votre cri hors des murs, faire saigner les mots. Vous racontez la fable de la jeune fille assassinée, la fable de l'écrivain et de la putain, la fable de clandestin, toutes les poupées russes du bunker. Ainsi sont nés la valse et le cri : Tanz, Schnitt und Strip.

1 commentaire:

  1. je suis un fleuve de l'ombre qui deverse l'oubli... de très loin je lis toutes ces lignes. Bisss Jean

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