Sélection du message

Der Schnee.

Du vent. De la neige. Putain. Rien d'humain. Tu écris quoi ? Depuis des mois, tu n'en sais rien. Tu as rencontré son visage. Son si...

vendredi 27 mai 2011

Bunkers russes

Dans le bunker il y a un autre bunker. C'est la cave. Elle est sombre et vineuse.
C'est le principe des poupée russes. On y viole encore plus tranquillement.
Dans la cave, il fait noir. Les pierres suintent une odeur humide de vinasse. La main se resserre sur son poignet. La voix est douce. Trop douce. Les mots sont chuchotés. Obscurs, incohérents. Le timbre de la voix est rauque.
L’instant suivant, il l’attire contre lui d’une main et cette main plonge dans sa culotte.
Ses ongles dérapent sur les pierres. Elle ne peut s’agripper à rien. Elle se débat pourtant de toutes ses forces. De toutes ses forces, elle mord, elle griffe.
Elle ne crie pas. Les mots sont jugulés dans le noir, piétinés au fond du bunker. Aucun son ne franchit la ligne de sa gorge.
L’épouvante muette la soulève. La folie. Elle marche plus vite le long des maisons de son enfance. Une autre voiture vient de la frôler. Elle sait que cette voiture va faire demi-tour, s’arrêter. Elle montera dans cette voiture.
Elle se débat toujours, les bras qui l’assaillent sont comme des pinces, de l’acier ; le visage de l’homme est rouge, soufflant et jurant, il sue à grosses gouttes puis il la tire violemment vers lui. Elle sent une épaisseur gluante s’engouffrer dans sa bouche. C'est sa langue.
Elle voit son visage se gonfler, enfler, il a l’air de souffrir puis il pousse un obscur juron et lâche l'enfant.
Elle court sur la chaussée. La voiture n’a pas fait demi-tour. Elle court dans la nuit et ses pas font un vacarme énorme dans le silence. Derrière elle, des phares. Elle quitte ses chaussures et court plus vite. Brusquement, elle change de trajectoire et se retrouve au milieu de la chaussée. Elle fend la nuit avec colère. Elle voit son ombre et la lumière. La lumière enfin. Elle se retourne.
Elle sort du bunker et du bunker dans le bunker. Elle sort vers la lumière, projetée vers elle comme si la lumière était la seule seule issue, le sol sous ses pas est aussi mou qu’une onde ; elle entre dans un champ. Elle se blottit dans l’herbe et la regarde.
Elle regarde longtemps. L’herbe danse doucement autour d’elle, elle ne distingue plus son cœur, seulement la salve sèche des palmes dans le vent. Elle ne pleure pas, ça et là tremblent des taches de lumière, quelque chose de doux et de triste s’épanche des ondulations des herbes et des fleurs ; elle sent les battements de son cœur reprendre lentement et le sang ; le sang circule dans sa chair comme un fleuve de lait. Elle regarde le ciel.
Le ciel est vide. Elle ferme les yeux. Son visage durcit, se ferme.
Dans la cuisine du premier bunker, sa grand-mère va et vient. vaquant doucement à ses occupations ménagères. La mère porte les tartes aux mirabelles. Le père boit son schnaps.

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