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Der Schnee.

Du vent. De la neige. Putain. Rien d'humain. Tu écris quoi ? Depuis des mois, tu n'en sais rien. Tu as rencontré son visage. Son si...

mercredi 25 mai 2011

Bunkerstrip

Avant d'être écrivain, j'aurais voulu être stripteaseuse. Pas ce genre de strip langoureux et gigotant qu'on peut voir contre des barres, non un strip radical, total, qui vous met nue en entier et sans fioritures, un strip mortel. J'ai toujours dansé nue sous la lune même avant qu'un homme n'ait scellé mon bunker. Et finalement il a fallu y aller dans ce bunker, dans le noir tout au fond pour héler des gros blocs mutiques et les briser, pour fragmenter les mots et les remonter de ce lointain, le désert d'un sexe nié, ignoré, abandonné à sa propre surdité hurlante. Pour se mettre nue rien de tel que l'écriture.Une cloison se déchire, les flots envahissent la coque, coulent le navire.

C'est une merveilleuse contrée que l'Alsace, avec sa ligne bleue, ses monts et ses vaux. Et que de belles maisons ! Quelle propreté ! Quel souci de l'ordre, que de rigueur et d'élégance! Chaque maison en vérité est un bijou ciselé, patiemment serti de génération en génération ! Quel faste aussi ! Il y a du pèze, du labeur ! Les paysagistes sont légion et font recette, le week-end c'est la valse des tondeuses. Chaque domaine est savamment agencé: là tel cyprès ou tamaris, des haies, des fleurs ! Que de fleurs ! Des géraniums à toutes les fenêtres, des corbeilles, des rangées de bégonias, d'hortensias, de rose trémière, le lierre couvre les façades, des guirlandes de vignes ornent les perrons. Et chaque maison possède son potager : carottes, tomates, poireaux, potirons, salades et surtout pommes de terre mûrissent sous les ciels changeants des souvenirs de guerre. J'ai marché des heures dans mon village natal, longeant patiemment toutes ces belles maisons, émerveillée par toutes ces vies de labeur consacrées à la conservation, à la restauration et à l'amélioration de ces demeures. Nains de jardins, leurres animaliers, roues ciselées suspendues aux murs, un vrai chat souvent joliment étalé sur le seuil. C'est un conte de fées. A tout moment on pourrait voir surgir les images du folklore, Hansel und Gretchen, elle, en rouge et noir avec de jolies tresses blondes, lui en knicker bocker, allez savoir, bras dessus bras dessous, souriants et roses à force de manger du cochon.

Je suis revenue vers ces maisons, inlassablement questionnée par leur beauté et leur mystère. Leur approche est plus difficile qu'on croit. A peine arrivé à leur hauteur, les jappements furieux d'un ou de plusieurs chiens de garde vous glacent le sang. Et puis il y a le silence derrière tout ça, rien ne bouge. Les volets sont clos  ou les rideaux tirés. Vous prenez conscience d'approcher d'une propriété privée. A votre coup de sonnette répond une cellule photovoltaïque d'identification et si par malheur, vous oubliez de sonner, un fusil se braquera instantanément et fera feu.

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